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Un conteneur pour la Tanzanie

Nous avons parcouru un long chemin, en temps et en distance, pour acheminer à bon port le matériel destiné aux enfants atteints de spina-bifida et d’hydrocéphalie.

Le mercredi 27 novembre 2019, je m’adresse à un ami travaillant dans le secteur des transports. Nous devons quitter notre bureau à Bruxelles en 2020 car le bâtiment fait l’objet d’importants travaux de rénovation. Dans ce bureau, nous stockons du matériel qui permet à un enfant atteint de spina bifida de vivre une vie sèche et sociale. Avec ce matériel et avec quelques techniques simples, nous formons aux soins les enfants atteints de spina bifida et leurs parents. Outre le fait de garder les enfants au sec et propres et d’éviter les infections, ces soins permettent également de prévenir les lésions rénales.

Nous remplissons plus de la moitié de nos valises avec ce matériel lors de chaque voyage pour des projets. C’est ainsi qu’il arrive sur le terrain. Par voyage et par personne, nous pouvons transporter du matériel pour 100 enfants. C’est plutôt encombrant, mais le transport vers l’Afrique est coûteux. Des milliers d’autres matériels attendent de partir avec nous en Afrique en 2019. Je demande à Tom, mon ami du secteur des transports, quel serait le meilleur moyen d’acheminer ces matériels à Dar Es Salaam (Tanzanie). Nous y établirons un bureau local avec stockage en 2020 et, de là, ils pourront être acheminés  vers les pays voisins. Tom explique que le meilleur moyen est probablement un transport par conteneur.

C’est ainsi que commence l’histoire du conteneur qui a fait un long voyage d’Anvers (Belgique) à Dar Es Salaam (Tanzanie). Une histoire de sang, de sueur et de larmes.

Photo : Marchandises et matériel médical dans un local de stockage

Début décembre 2019, je demande un devis à Tom. Il va sans dire que les coûts pour notre organisation à but non lucratif doivent être aussi bas que possible. Tom fait le compte de tous les frais, y compris les frais locaux en Tanzanie. Il laisse de côté ceux afférents à Anvers, à titre de geste pour notre cause.

Avec toutes les nouvelles réglementations et applications sur les modes de vie durables et écologiques aux niveaux individuel, national et mondial, les navires doivent également s’approvisionner en carburants plus écologiques, qui sont plus chers. Nous devons donc faire face à des augmentations de prix. Le 21 janvier 2020, je reçois le premier devis. Comme nous manquons de bras et de temps, nous décidons de faire partir le conteneur en mai ou juin 2020. Cela nous donnera le temps de rassembler du matériel, de commander et de faire livrer davantage de matériel médical afin de pouvoir remplir le conteneur à sa pleine capacité. En attendant, nous louons un entrepôt près de chez moi. C’est pratique parce que les gens déposent des dons comme des vêtements, des chaussures et des meubles à mon domicile et je les apporte à l’entrepôt. Ayant quatre enfants à la maison, je possède un minibus. Ces transports en sont rendus faciles et agréables. Notre couloir et notre sous-sol sont encombrés par des sacs de vêtements, des boîtes de chaussures, des cartons de cathéters  et des sacs de rinçage, des jouets, des articles ménagers et bien d’autres choses encore. À intervalles réguliers, je charge la voiture et j’emporte tout au centre de stockage. Avez-vous déjà rempli un entrepôt sur une hauteur de 3 mètres alors que vous ne mesurez vous-même qu’1 mètre 63 ? C’est un véritable défi.

Photo : A gauche : Mon couloir transformé en espace de rangement. À droite : la pièce de rangement proprement dite

Et puis arrive  le Covid-19. Le monde semble s’arrêter de tourner. L’avantage du confinement tient à ce que les gens ont le temps de nettoyer et de trouver des trésors précieux à offrir aux enfants atteints de spina-bifida et d’hydrocéphalie. Dès que les sorties sont de nouveau autorisées, les dons arrivent en masse.

En septembre 2020, la Warmest Week (une initiative belge qui encourage la solidarité au profit d’associations caritatives) annonce un changement de concept. Les actions de collecte de fonds ne sont désormais plus possibles, en revanche les gens peuvent s’inscrire pour faire du bénévolat. Child-Help lance un appel pour fabriquer des protège-slips. Des protège-slips ? Oui ! Entre deux sondages (pour l’évacuation de l’urine), cela permet d’attraper les gouttes. Les filles peuvent ainsi aller à l’école l’esprit tranquille. Près de 50 bénévoles se sont mis au travail avec enthousiasme, en utilisant le patron offert par l’un des enfants placés de Pierre, le fondateur de Child-Help. Près de 2.000 protège-slips sont cousus par ces personnes chaleureuses durant la période de fin d’année 2020. Ces protège-slips seront chargés dans le conteneur pour la plus grande satisfaction de nombreuses jeunes filles.

En juin 2021, nous sommes prêts à procéder au transport proprement dit. Cependant le calendrier joue en notre défaveur. Les frets maritime et aérien vers l’Afrique de l’Est n’ont jamais été aussi couteux en raison des aléas du marché (navires surchargés, retard de Suez, blocages, etc.). Nous étudions donc à nouveau différentes options. Un conteneur complet, le fret aérien pour le matériel le plus urgent, le partage d’un conteneur avec une autre partie …

Pendant ce temps, mes collègues tanzaniens sollicitent une exonération de taxe et, après une longue procédure, celle-ci leur est accordée. Nous sommes prêts… pensons-nous.

Le jeudi 29 septembre 2021, un certain nombre de volontaires assurent l’acheminement des marchandises de notre entrepôt vers celui du transporteur. Nous avons mal calculé la quantité et il semble que nous ayons besoin d’un conteneur de 40 pieds au lieu d’un de 20 pieds. Nous discutons donc à nouveau des prix. Comme il nous reste de la place, je commande du matériel médical supplémentaire. Il semble que le sort nous est contraire. Cette commande supplémentaire est retardée en raison d’une pénurie de matières premières. Finalement, tout arrive à l’entrepôt. J’établis un colisage en décembre 2021 et nous sommes prêts à partir. Le 4 janvier 2022, le conteneur est chargé. Hourra ! Ah oui, apparemment, ils ont besoin d’une liste précisant la valeur de toutes les marchandises. Aargh ! Je fais une estimation rapide de tout sur la base du colisage et j’espère que cela suffira. Ce n’est pas facile car, à part le matériel médical, presque tout a été donné. Il faut tout de même y mentionner un prix. Le 7 janvier, le conteneur embarque et on m’informe qu’il arrivera à Dar Es Salaam le 1er mars.

Chargement des matériaux dans le conteneur

En mars 2022, il s’avère que l’exonération fiscale obtenue en Tanzanie a été consentie par un mauvais fonctionnaire et que le bon fonctionnaire est en vacances. La nouvelle demande disparaît dans une pile sur son bureau et attend son retour. Après quelques rappels, le problème est résolu. Au même moment, mes collègues tanzaniens apprennent que d’autres documents doivent être remplis. Le conteneur nous attend patiemment au port de Dar Es Salaam et les frais de stockage augmentent.

Au début du mois de juin 2022, nous pouvons enfin transporter les marchandises vers notre bureau de Dar Es Salaam. À cette date, le carburant en Tanzanie est apparemment presque épuisé et ceux qui veulent encore transporter des marchandises doivent en payer le prix. Heureusement, le bureau n’est pas éloigné.

Photo : Biens et matériels en Tanzanie

Aujourd’hui, nous louons un espace de stockage à Dar es Salaam pour un prix modique et toutes les marchandises sont distribuées à nos partenaires depuis le bureau.

Pour faire court, tous les produits nécessaires et moins urgents sont maintenant arrivés à destination. Les mères et les enfants n’en croient pas leurs yeux, car ces produits leur changent la vie.

Photo : Produits distribués aux mères.

Conclusion : nous n’expédierons pas d’autre conteneur de sitôt, mais nous continuons à chercher des moyens d’acheminer les matériels vers leur destination ou de proposer des livraisons locales aux meilleurs prix possibles.